4 de fevereiro de 2015

PIPOL 7 : Victime ou victoire, par Antoni Vicens

Victime ! 
les 4 amp; 5 juillet 2015 à Bruxelles 


La victime n'est victime que dans le rapport à un pouvoir qui lui serait supérieur.

La subjectivité, quand elle est victime, est envahie par l’incalculable, et ainsi le sujet surgit dans son existence la plus déterminée. Hors de soi, la victime nous montre que nous le sommes tous, même quand nous l’avions oublié. Et cet oubli est lourd de conséquences.

L ’ École des stoïciens a trouvé dans cette universalité une condition commune pour tous les êtres parlants, et en a exploité le fil : l’agent est toujours un maître; si c’est ainsi, on peut préférer être produit, pour savoir davantage et éviter la solitude. Mais alors le problème est comment ne pas se   sentir   victime (ce qui n’est pas la même chose qu’ être   victime). Le christianisme a trouvé dans la faute originaire la cause de cette victimisation universelle; et il l’a faite rachetable par le Fils de l’Homme, le saint homme qui a réinventé le Père.

L ’ éthique de la psychanalyse pourrait s’énoncer comme le dépassement de tout victimisme. Mais si cela est ainsi, on ne peut plus continuer à croire à la bonté. La politique du sinthome consiste, au-delà du bien, [à] extraire la souveraineté inscrite dans toute position subjective. La souveraineté du sinthome, sa capacité de création, est incompatible avec le victimisme.

L ’ idéal de la démocratie serait celui d’une société sans victimes. Selon la fantaisie et du contrat social et de la volonté générale, dans une société parfaite personne ne serait victime, sinon de sa propre exclusion. Mais Jean-Jacques Rousseau lui-même faisait rentrer par la fenêtre la victime qu’il avait chassée par la porte. C’est ce qu’il a nommé la “religion civile”, dans laquelle il reconnaissait que le sens exige une victime, si c’est vrai que toute religion est liée à un type quelconque de sacrifice. Le sacrifié peut aussi rester dehors, comme un point de repère nécessaire de par son exclusion.

Il s ’ agit alors de séparer la victime de la culpabilité. Si d’un côté, il n’y a pas de mesure possible à la situation qui crée des victimes, de l’autre, la culpabilité cherche toujours le commerce, l’inclusion dans un Autre qui aurait à sa charge le juste équilibrage dans la distribution de la dette.

La culpabilité est un voile sur le réel de la qualité de victime. Ce voile levé, nous sommes tous des victimes. L’éthique de la psychanalyse est fondée sur la possibilité de bâtir sur cette qualité de victime une dignité qui ne devrait rien à aucun sacrifice.

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